Toute sa vie, elle s’est battue. En disparaissant à l’âge de 83 ans, Tina Turner laisse l’image d’une femme généreuse qui ne baissait jamais les bras. Quand elle est revenue sous les projecteurs, au début des années 1980, flamboyante et sauvage, les Américains hurlaient : « She’s so bad ! » Ce qui signifie « elle est si incroyable, tellement fantastique ». Voix rauque et rageuse, chevelure de lionne, minijupe, talons hauts, sourire dévastateur, elle faisait l’effet d’un ouragan qui balaye tout sur son passage.

Née Anna Mae Bullock, le 26 novembre 1939, à Nutbush (Tennessee), Tina Turner était à l’époque la seule chanteuse afro-américaine aux origines indiennes qui remplissait les stades de foot, comme à Rio en 1988, qui enchaînait plusieurs concerts comme à Bercy en France Bercy. Ses performances artistiques en impressionnaient plus d’un tant elle chantait et dansait de tout son âme et son corps. Mick Jagger, Elton John, Rod Stewart, Beyoncé et tant d’autres grands artistes parmi ses plus grands fans ont salué la mémoire de cette rockeuse hors pair qui avait subi tant d’épreuves.

Une étoile brille à Monte-Carlo

Abandonnée par le show-business après son divorce, en 1978, avec Ike Turner, qui la battait, Tina Turner n’a jamais renoncé ni cessé de croire en son étoile. Mère célibataire de deux garçons, elle repart de zéro en courant le cachet à Las Vegas ou dans les conventions McDonald’s. Admirée, paraît-il, par un proche du prince, elle se produit régulièrement à Monte-Carlo, et devient la star du Rocher. Elle s’installera quelques années dans une villa du côté d’Èze.
La vie lui a appris à se battre, à toujours avancer. En 1983 elle produit un tube « Let’s Stay Together », une reprise d’un morceau d’Al Green. John Carter le producteur de Capitol Records, décide de la signer dans son label. Il lui proposera une chanson de Mark Knopfler, le guitariste de Dire Straits, , qu’elle enregistre au côté d’un autre guitariste de légende, Jeff Beck. « Private Dancer ». Un tube !

Les années 1980, un nouveau départ

L’album, porté par le tube « What’s Love Got to Do with It », est un succès planétaire. 25 millions d’exemplaires seront vendus dans le monde. La carrière de Tina Turner est désormais relancée. Elle produira d’autres tubes avec deux autres albums à succès, Break Every Rule (1986) et Foreign Affair (1989). Le cinéma s’intéresse à la star. Et elle fera une incroyable apparition dans Mad Max : au-delà du dôme du tonnerre, de George Miller (1985), dont elle enregistre la chanson phare « We Don’t Need Another Hero », qui la propulse en haut des charts du monde entier. Viendront ensuite Last Action Hero de John McTiernan (1993) et, à la télévision, la série Ally McBeal (2000), dans laquelle elle fera une apparition remarquée.

D’un seul coup, elle devient une star incontournable au parcours unique, en rien semblable à ceux d’autres grandes dames de la chanson américaine : Aretha Franklin ou Diana Ross. Cinquante ans de carrière, huit Grammy Awards et deux intronisations au Rock and Roll Hall of Fame, elle a été l’artiste de tous les records.
Convertie au bouddhisme, Tina Turner a accepté toute sa vie le bon comme le mauvais, ne se défilant jamais devant la réalité la plus sombre et conservant toujours une sorte d’humour, de distance, de force qui faisait tout son charisme.
« Il a fallu que je croie en moi et en mes capacités, déclarait-elle au magazine Die Welt, en 2021. Parce qu’en croyant vraiment en nous-mêmes nous prenons confiance. Et c’est précisément le message que nous transmettons ensuite aux autres. » C’est la leçon toute simple d’une artiste « inspirante, chaleureuse, drôle et généreuse », pour prendre l’hommage de son ami Mick Jagger.

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