UN INSTANTANE DE LA SCENE CULTURELLE DU NIGERIA ET DE SON ENERGIE CREATIVE

Le Nigeria est depuis longtemps la locomotive culturelle de l’Afrique de l’Ouest, et son énergie créative n’est plus à prouver. Les artistes du pays occupent tous les espaces médiatiques grâce à leurs vitrines multi-culturelles comme Art X Lagos ou encore la foire d’art africain contemporain 1-54 de Londres. Pour ce qui concerne l’industrie musicale et les sons si caractéristiques de l’afrobeats, sur ce tabeau encore les stars illuminent les cieux nigériens. Parallèlement, son énorme industrie cinématographique, appelée Nollywood, évolue vers une renommée internationale. Voici un aperçu de la scène actuelle.

L’ART

La foire Art X Lagos a joué un rôle important dans l’autonomisation des artistes et des petites galeries du pays. C’est une époque formidable pour faire partie de la communauté de l’art contemporain ici », déclare Dolly Kola-Balogun, 27 ans, fondatrice de la galerie Retro Africa à Abuja, la capitale du Nigeria. La scène accueille des noms aussi variés que l’artiste pop Williams Chechet, décrit comme le Warhol nigérian, et le bien établi Victor Ehikhamenor. Mais le galeriste est actuellement enthousiasmé par des acteurs émergents tels que Tyna Adebowale, dont les œuvres se concentrent sur les questions de genre et l’identité queer, et l’autodidacte Ken Nwadiogbu, plus connu pour ses peintures hyper réalistes. Kola-Balogun, qui a organisé sa première exposition collective à New York en 2023, avec Ehikhamenor et l’Américain Nate Lewis, prévoit d’ouvrir une galerie à Miami bientôt. Chigozie Obi, un artiste multidisciplinaire de 23 ans, recommande Art Twenty One et A Whitespace de Lagos. Le premier est massif, ce qui est inhabituel à Lagos. Et le second joue avec son espace conceptuel, le repeignant et le reconstruisant pour divers projets.

LES FILMS

L’énergie qui règne à Lagos en fait un lieu de tournage unique, le genre d’énergie que l’on trouve à New York et à Londres. Nollywood est la deuxième plus grande industrie cinématographique au monde en termes de production, après Bollywood en Inde, mais elle évolue aujourd’hui d’une manière différente. Les studios locaux tels qu’EbonyLife et FilmOne exercent une plus grande influence, tandis que Netflix étend sa présence, en commandant au cinéaste Nigérian Afolayan trois nouveaux films sur le Nigeria et à Adetiba une suite à la série originale King of Boys. Une nouvelle génération de jeunes cinéastes a également fait son apparition, avec l’intention d’élargir le champ narratif de Nollywood en 2024.

DU SON RIEN QUE DU SON

Il est difficile de parler d’afrobeats sans reconnaître le rôle que Lagos continue de jouer dans l’éclosion de certains des plus grands talents du genre. Wizkid, dont la chanson « Essence » avec Tems a été saluée comme le titre de l’été 2021, axe nombre de ses chansons sur la difficulté de vivre dans cette ville chaotique, comme « The Best » du chanteur Davido inspirée par Lagos. L’espoir Omah Lay, qui avait participé à un remix de Justin Bieber, considère que la métropole joue un rôle essentiel dans son travail. « Ma musique reflète principalement mes origines de Port Harcourt, mais Lagos m’a permis de vivre des expériences qui ont contribué à diversifier mon son », explique l’artiste. Seni Saraki, cofondateur du magazine influent The Native, qui accueille le festival annuel Nativeland, va un peu plus loin. « Je pense sincèrement qu’il y a peu d’endroits plus excitants musicalement en ce moment que Lagos. Les artistes d’ici inventent de nouveaux courants musicaux qu’il s’agisse de chanteurs comme Zinoleesky et Bella Shmurda. C’est rafraîchissant de voir tant de gens qui osent être eux-mêmes ».

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